Le fabricant de produits récréatifs BRP affirme avoir « retrouvé la rentabilité » avec sa décision de transférer la production de ses véhicules tout-terrain (VTT) de Valcourt, dans les Cantons-de-l’Est, à Juárez, au Mexique.
« Nous n’étions pas profitables dans l’ancienne formule », a soutenu hier le vice-président de BRP, Pierre Pichette, au cours d’une entrevue accordée au Journal de Montréal.
Il n’avance pas de chiffres sur cette nouvelle rentabilité, mais il précise que l’usine de Juárez, un investissement de 35 M$, permettra à BRP de continuer de faire sa marque dans le segment des véhicules tout-terrain.
Selon lui, le fabricant québécois de motomarines, de motoneiges - et plus récemment, du Spyder - a réussi son pari de fabriquer des VTT made in Mexico.
Mais il est déjà acquis que seuls les VTT seront produits au Mexique. « Nous avons déjà fabriqué nos motomarines [en Floride] et nous avons ramené la production [à Valcourt] », précise le vice-président.
Dans deux semaines, toutes les composantes seront entièrement assemblées à l’usine de Juárez. Jusque-là, l’usine, qui a lancé ses activités en août 2006, se limitait à assembler les châssis et autres pièces du VTT. Les moteurs Rotax étaient fabriqués en Autriche.
« Nous tirons plusieurs avantages de notre présence au Mexique. Nos VTT sont moins chers à produire ici », dit-il.
Salaires
Pierre Pichette évite de dévoiler les salaires versés aux employés de BRP, mais dans les maquiladoras, ces zones franches où le fabricant est installé, on estime que le taux horaire moyen varie de 1,25 à 2,50 $.
La décision de BRP de miser sur le Mexique - et sa main-d’oeuvre bon marché - avait suscité des inquiétudes au sein des employés de Valcourt.
Ce transfert survenait au moment même où Bombardier Aéronautique déplaçait une partie de ses activités de fabrication de pièces d’avion dans une usine mexicaine, à Quérétaro cette fois.
« C’est un ensemble de choses qui ont motivé notre décision d’aller au Mexique. On peut parler de motifs financiers, mais les coûts de main-d’oeuvre, ce n’est pas le seul facteur qui fait la différence. Autrement, on serait allé en Chine pour faire des économies sur les salaires », dit-il.
Il préfère plutôt parler de la stratégie de BRP, qui a rendu les VTT plus attrayants, en plus de pousser les ventes vers le haut dans un marché hautement compétitif.
« Nous produisons maintenant des VTT qui s’adressent à une clientèle qui recherche davantage la performance sportive, les « enthousiastes », par opposition à la clientèle qui voulait un VTT pour des fins utilitaires. Nous sommes passés de la marque Bombardier VTT à Can Am », ajoute-t-il.
Un autre élément qui semble favoriser le fabricant : les sous-traitants mexicains, qui se montrent très collaborateurs et qui veulent obtenir leur part des contrats.
« Nous avons fait des changements importants dans notre réseau de fournisseurs, qui sont de plus en plus mexicains. Cela a fait partie de notre restructuration pour retrouver la rentabilité», souligne Pierre Pichette.